quarta-feira, março 25, 2009

A cultura da comunicação


No X Congresso Mundial de Semiótica em La corunha, Espanha acontecerá, em 22/26 setembro, com a sessão: gestualidade: praxis e semiose, coordenada pelo professor Dominique Ducard da Paris XII.



Em anexo a ementa da sessão.


La gestualité : praxis et semiosis
Dominique Ducard (Université Paris Est-Paris 12, Céditec, France)ducard@univ-paris12.frNathalie Roelens (Université de Nimègue, Pays-Bas)n.roelens@belgacom.net



La gestualité est première - au sens de fondamental et d’originaire - dansl’activité symbolique de l’être humain. Dans son Anthropologie du geste(Gallimard, 1975 : l’ouvrage rassemble des cours de 1955), Marcel Jousse enappelait à une « mimismologie » reposant sur la conception de l’homme comme« un animal interactionnellement mimeur », qu’il qualifie aussi d’ « animalsémiologique », dont le langage est une « gesticulation significative ». Nousconnaissons davantage les travaux d’André Leroi-Gourhan sur l’humanisation etl’acculturation, dont les formes d’expression sont les traces d’une gestualitéprimordiale, par exemple dans les mythogrammes de l’art pariétal, ou encorel’étude de Marcel Mauss sur les « techniques du corps ». L’hypothèse génétiqued’une origine gestuelle du langage a été développée dans certaines théories del’évolution du langage (Corballis, Armstrong et alii), alors que des travauxpsychologiques sur la communication interhumaine mettent l’accent sur lacoactivation du geste et de la parole et soulignent que l’activité gestuelle faitpartie intégrante du processus de représentation et d’élaboration de la penséeverbalisée.


Le processus de symbolisation trouve ainsi son ancrage dansl’expérience corporelle, selon la notion de cognition incarnée (Varela et alii), etplus spécialement d’énaction (embodied action). Les langues des signes et leursanalyses montrent par ailleurs l’intérêt d’un retour aux notions issues desthéories sémio-linguistiques du signe à partir d’un langage visuel constitué pardélimitation d’unités signifiantes conventionnelles, selon un système gestuelparamétré, et qui fonctionnent comme des marqueurs corporelsmorphodynamiques.



Nous pourrions aussi lister les multiples travaux sur les valeurs culturelles,plus ou moins normées, des diverses façons de gesticuler, dans les manières defaire, au cours des actes qui règlent nos comportements, dans la vie quotidienneou professionnelle, ou encore dans les conduites ritualisées des cérémonies de lavie profane ou religieuse.


Il conviendrait, de ce point de vue, d’interroger lestransformations de cette gesticulation avec l’uniformisation de gestes ordinairesde la communication sous l’emprise des technologies informatiques. Il ne faudraitpas oublier non plus la gestualité transposée en gestuelles, par la technique et lestyle, dans les artisanats et les arts, que ces derniers soient des arts visuels dumouvement, directement (danse, pantomime, direction d’orchestre) ouindirectement (sculpture, peinture, photographie), ou des arts hybrides (théâtre,opéra, arts audiovisuels, art multimédia, performances, parmi lesquelles onpourrait compter l’art oratoire).



Ce bref aperçu des multiples domaines d’investigation et les référentsthéoriques qu’ils supposent peuvent laisser augurer une dispersion desapproches et un éclatement du point de vue. Quel peut-être l’apport desthéorisations sémiotiques dans les études sur la gestualité ? Viser la semiosis quiopère dans la saisie de mouvements corporels dans un espace-temps, c’estreconnaître des gestes comme des formes interprétables, qu’elles soientproduites intentionnellement ou non, contrôlées ou automatisés, codifiées ounon, instrumentalisées ou non.



A l’occasion du cinquantenaire de la naissance de l’IASS/AIS, nous repartironsdes réflexions menées dans ces mêmes années du début de l’association,notamment avec un numéro de la revue Langages, dirigé par A. J. Greimas, surles Pratiques et langages gestuels (juin 1968). Greimas, dans son articleintroductif (repris dans Du sens, 1970) y pose d’entrée de jeu le problème de lasemiosis, comme celui de la « relation sémiotique entre l’expression et lecontenu », en rappelant les contraintes exercées par les propriétés du corpshumain spatialisé, volume constitué en figure dans le monde. Il s’interroge d’unepart sur la praxis gestuelle, c’est-à-dire la production, par le corps, demouvements organisés et programmés selon un projet, déterminé culturellement, d’autre part sur la semiosis, qui devient alors la relation entreune séquence de gestes, prise comme signifiant, et le projet, pris commesignifié. L’analyse, de type morphématique, est ainsi orientée par une définitionde la gestualité comme « une présence au monde signifiante ». Dans une autreintervention, Julia Kristeva, en se tournant vers les travaux des ethnologues surles conceptions de la parole et du langage en Afrique ainsi que vers la kinésique(Birdwhistell), cherche à sortir du modèle phonologique-sémantique pourappréhender la gestualité comme une pratique sémiotique, dont la fonction,promue au titre de fonction de base, est dite anaphorique, d’indication d’action etde relations. Peirce, qui n’est pas convoqué dans cette réflexion, y aurait uneplace centrale.



Nous proposons donc de centrer la session thématique sur les notions depraxis et de semiosis, en marquant une ouverture, une extension, selon lestermes de J. Kristeva, dans les directions suivantes, et en postulant un rapportde sens - invariable dans son fondement mais soumis dans ses manifestations àdes variables culturelles - entre l’effectuation, la représentation, la figuration dugeste (action, conception et conceptualisation, formulation et formalisation):
Gestes, langage et langues;

Gestes et communication interculturelle;

Gestes et techniques ;

Gestes et rituels;

Gestes et arts.